Colère. Culpabilité. Tristesse. Impuissance.
Quand on est aidant, les émotions peuvent surgir violemment, sans prévenir, et parfois dans tous les sens à la fois. Ce n’est pas une question de caractère, ni de fragilité : c’est le cerveau qui, sous pression, réagit.
Comprendre ce qui se joue dans notre tête permet de poser un regard plus doux sur soi. Et de retrouver un peu de pouvoir, là où tout semble parfois nous échapper.
Le rôle d’aidant active plusieurs zones cérébrales à la fois :
Mais sous stress chronique, l’équilibre s’effondre. L’amygdale s’emballe, notre perception du danger s’intensifie, les émotions deviennent vives, envahissantes. On parle alors d’un état d’hypervigilance émotionnelle.
De plus, le cerveau des aidants est constamment mobilisé pour prendre soin, anticiper, ajuster… ce qui laisse peu de place pour digérer ce qu’on ressent. Il n’y a pas de sas. Pas de pause. Tout s’accumule.
Une petite contrariété peut alors provoquer une réaction démesurée : une remarque maladroite, un oubli, un imprévu… Et on s'effondre. Ou on explose.
Puis, très souvent, vient la culpabilité : "Je ne devrais pas réagir comme ça", "Je suis ingrat", "Je suis égoïste"...
Ce cycle émotionnel est épuisant, mais il n’est pas une fatalité.
Il ne s’agit pas de supprimer les émotions, mais de les apprivoiser. Voici des outils concrets, issus des neurosciences affectives :
Dire "je suis en colère", "je suis épuisé", "j’ai peur", active le cortex préfrontal. Cela calme l’amygdale et rend l’émotion moins envahissante.
Toutes les émotions ont une fonction. La tristesse montre qu’un besoin n’est pas nourri. La colère signale une limite franchie. La peur protège.
➡ Se dire : « Ce que je ressens a un sens. »
Inspiration 4 secondes / expiration 6 secondes : ce rythme agit directement sur le système nerveux parasympathique, celui du calme et de la récupération.
Parler à une personne de confiance, écrire dans un carnet, pleurer, créer… permettent de sortir de la tension interne. L’émotion ne s’évacue pas dans le silence. Elle a besoin de sortir.
Même 5 minutes. Marcher, écouter une musique apaisante, regarder par la fenêtre, s’allonger… Tout cela permet au cerveau de revenir à l’équilibre.
Les aidants vivent un trop-plein émotionnel, parce qu’ils portent beaucoup, souvent seuls, souvent sans répit. Leur cerveau fonctionne en mode “urgence prolongée”.
Mais en comprenant ce mécanisme, il est possible de reprendre la main, avec douceur et sans exigence.
Accueillir ses émotions, ce n’est pas être faible. C’est se traiter avec humanité.
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