Colère. Culpabilité. Tristesse. Impuissance.
Quand on est aidant, les émotions peuvent surgir violemment, sans prévenir, et parfois dans tous les sens à la fois. Ce n’est pas une question de caractère, ni de fragilité : c’est le cerveau qui, sous pression, réagit.

Comprendre ce qui se joue dans notre tête permet de poser un regard plus doux sur soi. Et de retrouver un peu de pouvoir, là où tout semble parfois nous échapper.

Pourquoi c’est si intense ?

Le rôle d’aidant active plusieurs zones cérébrales à la fois :

  • l’amygdale, centre de la peur et des émotions primaires,
  • l’insula, qui ressent la douleur de l’autre comme si c’était la nôtre,
  • le cortex préfrontal, qui tente de réguler, organiser, temporiser...

Mais sous stress chronique, l’équilibre s’effondre. L’amygdale s’emballe, notre perception du danger s’intensifie, les émotions deviennent vives, envahissantes. On parle alors d’un état d’hypervigilance émotionnelle.

De plus, le cerveau des aidants est constamment mobilisé pour prendre soin, anticiper, ajuster… ce qui laisse peu de place pour digérer ce qu’on ressent. Il n’y a pas de sas. Pas de pause. Tout s’accumule.

L’effet boule de neige

Une petite contrariété peut alors provoquer une réaction démesurée : une remarque maladroite, un oubli, un imprévu… Et on s'effondre. Ou on explose.

Puis, très souvent, vient la culpabilité : "Je ne devrais pas réagir comme ça", "Je suis ingrat", "Je suis égoïste"...

Ce cycle émotionnel est épuisant, mais il n’est pas une fatalité.

Comment reprendre le dessus (en douceur)

Il ne s’agit pas de supprimer les émotions, mais de les apprivoiser. Voici des outils concrets, issus des neurosciences affectives :

1. Nommer l’émotion, c’est déjà l’apaiser

Dire "je suis en colère", "je suis épuisé", "j’ai peur", active le cortex préfrontal. Cela calme l’amygdale et rend l’émotion moins envahissante.

2. Accueillir sans juger

Toutes les émotions ont une fonction. La tristesse montre qu’un besoin n’est pas nourri. La colère signale une limite franchie. La peur protège.
➡ Se dire : « Ce que je ressens a un sens. »

3. Utiliser la respiration comme ancrage

Inspiration 4 secondes / expiration 6 secondes : ce rythme agit directement sur le système nerveux parasympathique, celui du calme et de la récupération.

4. Se relier pour évacuer

Parler à une personne de confiance, écrire dans un carnet, pleurer, créer… permettent de sortir de la tension interne. L’émotion ne s’évacue pas dans le silence. Elle a besoin de sortir.

5. S’autoriser la pause émotionnelle

Même 5 minutes. Marcher, écouter une musique apaisante, regarder par la fenêtre, s’allonger… Tout cela permet au cerveau de revenir à l’équilibre.

💬 En résumé :

Les aidants vivent un trop-plein émotionnel, parce qu’ils portent beaucoup, souvent seuls, souvent sans répit. Leur cerveau fonctionne en mode “urgence prolongée”.
Mais en comprenant ce mécanisme, il est possible de reprendre la main, avec douceur et sans exigence.

Accueillir ses émotions, ce n’est pas être faible. C’est se traiter avec humanité.

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