Je m’appelle Claire. J’ai 43 ans, un travail, deux enfants… et une mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Depuis trois ans, je suis devenue ce qu’on appelle une "aidante". Ce mot, je ne l’aimais pas au début. Il sonnait trop grand, trop officiel. Pourtant, il est devenu mon quotidien.
Ce que je n’ai jamais osé dire, c’est que je suis fatiguée. Pas juste un peu. Profondément. Mentalement, physiquement, émotionnellement. Il y a des jours où je ne ressens plus rien. Où je fais tout machinalement : les courses, les médicaments, la toilette, les appels aux médecins, les papiers de la sécu… Et le boulot en plus, les enfants, les devoirs.
Ce que je n’ai jamais osé dire, c’est que parfois j’ai envie de tout arrêter. Juste une journée. Une heure. Un instant sans charge. Sans vigilance. Mais je ne le dis pas, parce que j’ai peur qu’on pense que je me plains. Parce qu’on me dit souvent : « Tu es formidable », « Ta mère a de la chance de t’avoir »… Alors je souris. Mais à l’intérieur, je me sens seule.
Ce que je n’ai jamais osé dire, c’est que je ressens de la colère. Pas contre elle. Pas vraiment. Contre la situation. Contre la maladie. Contre cette vie qui m’a volé ma mère alors qu’elle est encore là. Et puis je me sens coupable d’être en colère. Coupable de vouloir du temps pour moi.
Ce que je n’ai jamais osé dire, c’est que j’ai besoin d’aide. D’écoute. De pause. J’ai mis du temps à le reconnaître. Comme si admettre ça, c’était trahir ma mission d’aidante. Mais aujourd’hui, je comprends qu’on ne peut pas prendre soin de l’autre si on s’oublie soi-même.
Alors je le dis. Pour moi. Pour les autres. Parce que dans cette grande solitude, il y a aussi des liens invisibles entre nous, les aidants. Et ces mots que je n’osais pas dire deviennent peut-être ceux que quelqu’un d’autre a besoin d’entendre.
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